Les finances personnelles des ménages québécois se dégradent
Malgré les mesures anti-inflationnistes prises par la Banque du Canada (BC), le niveau de consommation soutenu des ménages a contribué significativement à maintenir l’inflation à un niveau plus élevé qu’attendu au cours de la dernière année.
L’inflation pour le mois de juillet a augmenté de 0,5% par rapport à juin pour un taux de 3,3%. Il reste du travail à faire pour atteindre la cible de 2% et, pour ce faire, nous devons nous attendre à un taux directeur élevé pour la prochaine année. De plus, la Banque du Canada a dû revoir ses prévisions de PIB à la hausse pour l’année en cours.
Avant la pandémie, les études démontraient que le fond de prévoyance moyen pour les imprévus des ménages québécois était de 200$/foyer. L’inflation et la conjoncture économique ont fait en sorte que les ménages ont dû augmenter leur niveau d’endettement pour conserver leur niveau de vie. Pensant que la situation était temporaire, la consommation a été maintenue par la majorité des ménages. Le solde des marges et cartes de crédit ont augmenté tout comme les intérêts et minimum payable mensuellement.
Indépendamment du financement hypothécaire, les cartes, marges de crédit personnelles et tous autres types d’emprunts comme pour les prêt automobiles ou personnels ont aussi augmentés de 4.75%. Voici un exemple de la situation financière personnelle d’un emprunteur excluant le financement d’un prêt hypothécaire.
Marge hypothécaire | Marge perso. | Carte crédit | Prêt auto | |
Taux avant pandémie | 3,50% | 6,00% | 12,00% | 3,00% |
Taux après pandémie | 7,95% | 10,75% | 16,45% | 8,00% |
Solde de la marge | 50 000,00 $ | 20 000,00 $ | 10 000,00 $ | 60 000,00 $ |
Intérêt sur solde | 50 147,11 $ | 20102,80 | 10105,69 | 60152,08 |
Intérêts après | 50 337,83 $ | 20 188,26 $ | 10 147,91 $ | 60 415,00 $ |
Intérêt sur 1an | 2 288,69 $ | 1 025,60 $ | 506,62 $ | 3 155,01 $ |
On constate un essoufflement du marché suite aux données recueillies pour le mois de juillet 2023.
Nombre d’actes de difficultés financières | |||
Indice de difficultés financières | Juillet 2022 | Juillet 2023 | Variation |
Avis de vente impôt foncier | 6 | 9 | +50,0% |
Faillite | 7 | 13 | +85,7% |
Hypothèque construction | 183 | 238 | +30,1% |
Préavis d’exercice | 266 | 434 | +63,2% |
Saisie | 33 | 29 | -12,1% |
Total | 495 | 723 | +46,1% |
Aussi, les emprunteurs à taux variable ont été directement touchés par les hausses du taux directeur mais une partie des emprunteurs à taux fixe n’ont pas encore renouvelé leurs prêts hypothécaires. Le moment critique de l’impact des hausses devrait se faire sentir pleinement en 2025-2026 lorsque les prêts à faible taux fixes octroyés pendant la pandémie arriveront à échéance.
La Banque du Canada estime que le taux cible d’inflation devrait être atteint en 2025 donc, d’ici-là, nous devrions nous attendre à ce que le taux préférentiel demeure élevé mais peut-être espérer quelques baisses.
On anticipe un nombre plus élevé des refinancements pour l’année 2024 pour restructurer et amortir les dettes des emprunteurs. Parce que nous avons connu une belle croissance immobilière et qu’elle a été reflétée directement sur la valeur des propriétés des emprunteurs, il est possible de mettre en place des stratégie ‘temporaires’ de transferts hypothécaires en consolidant les dettes, augmentant la période d’amortissement et s’engageant avec des termes courts. Les défauts de paiements pourront être évités si les emprunteurs agissent promptement car, après quelques retards, la cote de crédit, peut-être considérablement impactée et nuire à la manœuvre de sauvetage.
Par ailleurs, le poids du coût d’emprunt devait freiner les ménages pour les dépenses de consommation pour les mois à venir et entraîner possiblement une récession.
Le prochain article portera sur le coût réel de l’augmentation des taux.
Marie Pronovost